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CHAPITRE II

Illusions perdues

« Bien sûr que si, c’est ma faute. Il n’y a personne d’autre ici dont ça pourrait

être la faute. »

« Bon, mettons-nous bien d’accord, did Harry. Si le Professeur réussit à te faire léviter, Papa, et puisque tu sais bien que tu n’a pas été attaché à la moindre ficelle, cela te suffira comme preuve — tu ne vas pas simplement refuser et grommeler que c’était forcément un truc. Ce ne serait pas juste. Si c’est ce que tu penses, dis-le nous maintenant, et on fera une autre expérience à la place. D’accord ? »

Le père d’Harry, Michaël Verres-Evans, fronça les sourcils mais acquiesça.

« Et toi, Maman… Ta théorie dit bien que le Professeur devrait pouvoir faire voler Papa, et si ça ne se produit pas, tu admettras que tu t’étais trompée. Pas de clause disant que la magie ne marche que sur ceux qui y croient ou autre baliverne de ce genre. Hm ? »

La directrice adjointe Minerva McGonagall observait Harry, l’air surpris. Elle ressemblait indubitablement à une sorcière, avec son grand chapeau pointu et ses robes noires, même si sa façon de parler, très administrative, ne semblait pas vraiment correspondre au reste de son personnage; au premier coup d’œil, on pouvait l’imaginer en train de ricaner tandis qu’elle touillait un chaudron nauséabond, mais l’illusion disparaissait dès qu’elle ouvrait la bouche, comme elle le fit justement:

« Est-ce suffisant, Monsieur Potter ? Puis-je procéder à la démonstration ?

— Oh, suffisant ? Bien sûr que non. Mais c’est mieux que rien. Allez-y, Madame la Directrice Adjointe.

— “Professeur” suffira », dit-elle avant de prononcer d’une voix claire: « Wingardium Leviosa ! »

Harry regarda son père. Son père le regarda. « Ahem », dirent-ils en cœur. Puis, le Professeur Verres-Evans se retourna vers la Professeur McGonagall et l’interpela:

« Bon, bon ! Vous pouvez me redescendre, maintenant. »

Son père fut lentement redescendu vers la terre ferme.

Harry se massa le crâne, perplexe. C’était peut-être là la conséquence de cette partie de son cerveau qui était déjà convaincu, mais………

« C’était… un peu décevant, non ? se dit-il à  haute voix. Enfin, quand même, j’aurais supposé qu’un évènement mental un peu plus dramatique suivrait une modernisation théorique sur la base d’un résultat expérimental dont les probabilités étaient aussi infinitésimales… »

C’est à ce moment-là qu’il remarqua que ses parents le regardaient d’un air qu’il connaissait bien.

  • C’est-à-dire que j’aurais pensé qu’apprendre que tout ce que je crois est faux serait plus… surprenant ? »

Non, vraiment, sérieusement. Ça aurait dû être plus surprenant. Son cerveau aurait dû tourner à toute vitesse, essayant de jeter à la poubelles psychique toutes les théories qu’Harry avait formées jusqu’ici à propos du fonctionnement de l’univers, vu qu’aucune ne permettait qu’une chose de ce genre se passe. Eh bien, non, son cerveau continuait simplement à penser sans se soucier de rien. Bon, j’ai vu le professeur de Poudlard faire léviter Papa en agitant une baguette. …Et maintenant ?

Madame la Sorcière leur souriait avec franchise, visiblement amusée par la situation.

« Voulez-vous que je poursuive la démonstration, Monsieur Potter ?

— Non, ce n’est pas la peine, répondit Harry. Cette expérience était déterminante. Mais… »

Il hésita, mais somme toute ne pouvait vraiment pas résister à une tentation pareille. À vrai dire, il ne devait surtout pas y résister, dans l’intérêt de la Science. Il termina donc résolument sa phrase:

« …qu’est-ce que vous pouvez faire d’autre ? »

La Professeur McGonagall se transforma en chat.

Harry, en un réflexe fulgurant, se jeta en arrière, si vite et si maladroitement qu’il trébucha sur une pile de livres particulièrement sournoise et atterrit douloureusement au sommet d’une autre. 

Le chat tigré redevint immédiatement une femme habillée en noir, qui s’excusa tout en essayant, avec plus ou moins de succès, de ne pas pouffer de rire:

« Je m’excuse, M. Potter. J’aurais probablement dû vous prévenir. »

Harry, le souffle court, protesta d’un croassement: « ON NE PEUT PAS FAIRE ÇA! »

« Oh, M. Potter, répondit McGonagall. Ce n’est qu’une Métamorphose. Une Métamorphose d’Animagus, pour être précis.

— Mais vous êtes devenue un chat! Un petit chat ! Vous venez de falsifier la loi de la conservation de l’énergie ! Ce n’est pas seulement une règle arbitraire, vous le savez, ça ?!? On pense qu’il s’agit du fondement même de toute la physique quantique telle que définie par Hamilton! L’ignorer permettrait de dépasser la vitesse de la lumière ! Et ce n’est pas tout ! Un chat, c’est compliqué !  Un être humain ne peut pas simplement visualiser l’anatomie entière d’un chat, et, et, toute la biochimie de chat que mêmes les vétérinaires ne comprennent pas toujours, et, et, et qu’est-ce que vous en faites, de la neurologie, hein ? Comment peut-on continuer à penser avec une cervelle de chat ?!? »

Se retenir d’éclater de rire était de plus en plus difficile pour la sorcière, qui répondit succinctement: 

« Par magie. »

« Mais avoir de la magie ne suffit pas pour faire quelque chose comme ça ! Il faudrait être un… un dieu !!! »

McGonagall cligna des paupières.

« C’est très certainement la première fois que quelqu’un me décrit ainsi, M. Potter. »

La vision d’Harry devenait trouble tandis que sa pauvre cervelle tentait de comprendre ce qui venait d’être brisé. Tout le concept d’un univers cohérent avec des lois constante ? Pffft, évaporé. Trois mille ans passés à diviser les grandes choses compliquées en petites choses cohérentes, à découvrir la musique céleste qui s’accordait avec la chute des pommes, à découvrir les lois toutes simples qui ne souffraient jamais d’exception, à comprendre que le siège de la raison était le cerveau, qui était fait de neurones,…

Tout ça, jusqu’à ce qu’un jour, une femme se transforme en chat. Pffft.

Des centaines de questions surnageaient à la surface de son esprit en ébullition, et la plus pressante (qui n’était pourtant pas la plus importante) lui échappa des lèvres:

« Et, et, qu’est-ce que c’est comme formule magique, ça, Wingardium Leviosa ? Qui est-ce qui écrit ces sortilèges, des étudiants de Latin de première année ???

— En voilà assez, M. Potter, dit McGonagall d’un ton qui se voulait ferme mais était trahi par ses yeux, encore brillants de larmes de rire. Si vous souhaitez en apprendre plus sur la magie, je suggère que nous signions les derniers papiers pour que vous puissiez vous rendre à Poudlard.

— Heu, bien sûr », répondit-il distraitement. Bon, se disait-il; après tout, on n’aura qu’à recommencer la Marche de la Raison depuis le début. Il nous reste la méthode expérimentale, c’est l’essentiel. « Comment puis-je aller à Poudlard, alors ? »

Minerva McGonagall allait répondre quand le Professeur Verres-Evans l’interrompit:

« Minute papillon ! Harry, tu te souviens que tu n’es jamais allé à l’école jusqu’à aujourd’hui ? À cause de ton… problème ?

— Son problème ? répéta McGonagall.

— Je… ne dors pas normalement, répondit Harry. Mon cycle de sommeil dure vingt-six heures; chaque jour, je m’endors avec deux heures de retards; je ne peux pas m’endormir avant, rien à faire; le jour suivant je m’endors encore deux heures plus tard, et ainsi de suite, dix heures, minuit, deux heures du matin, quatre heures du matin, jusqu’à ce qu’on revienne au point de départ. Si j’essaye de me réveiller en avance, je me retrouve en mode ‘somnambule’ pour toute la journée. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas étudié dans une école normale jusqu’à ce jour.

— Enfin, ajouta sa mère, c’est l’une des raisons. » (Harry la regarda d’un air furieux.)

La professeur de magie se creusa un instant la tête, triturant nerveusement son pendentif, avant de conclure:

« Je n’ai jamais entendu parler d’une telle maladie, mais… Hm… Mme Pomfresh aura peut-être… » Son visage s’éclaira soudain. « Un instant ! Oubliez ça. Je tiens la solution idéale. Et, si je puis me permettre… Quelles étaient les autres raisons ?

— Au-delà d’un certain niveau, répondit Harry dignement, je suis contre l’école obligatoire pour les enfants, en raison du fait élémentaire que les enfants ne devraient pas avoir à souffrir du niveau navrant des professeurs et des programmes du système éducatif actuel.

— Oh, demanda son père, c’est donc pour ça que tu as mordu cette pauvre professeure de mathématique il y a trois ans ?

Mais elle ne savait même pas ce que c’était qu’un logarithme !!!

— Bien sûr, ajouta sa mère. La mordre était une réaction parfaitement normale.

— Tout à fait, renchérit son père. C’est la réponse standard au problème bien connu des professeurs ignorant la définition de ‘logarithme’.

— J’avais sept ans ! Vous allez arrêter de me rappeler cette histoire ?

— Eh oui, dit sa mère d’un ton compatissant, on mord un seul professeur dans sa vie et la vie n’oublie jamais, hein ? »

Harry se retourna vers McGonagall, la prenant à témoin:

« Là ! Vous voyez ce que je dois supporter quotidiennement ?!? »

Pétunia s’excusa en gloussant avant de gagner à grands pas le jardin, d’où ses hurlements de rires étaient encore clairement audibles.

« Eh bien, Monsieur Potter, conclut la professeur de sorcellerie d’un ton qui se voulait sérieux, mordre les professeurs est formellement interdit à Poudlard, est-ce que c’est bien clair ? »

Harry répondit sur le même ton:

« D’accord, je ne mordrai personne si personne ne me mord. »

Michaël quitta lui aussi la pièce à grandes enjambées après cette réplique.

Quand les deux parents, calmés, furent revenus dans le salon, la Professeur McGonagall soupira et dit:

« Bon… Tout compte fait, il vaudrait mieux que vous ne vous procuriez vous manuels de magie et votre baguette que quelques jours avant le début des cours.

— Comment ? Pourquoi ça ? Les autres connaîtront déjà la magie, non ? Il faut absolument que sois au niveau !

— Ne vous inquiétez pas, M. Potter. Poudlard est tout-à-fait capable de vous enseigner les bases nécessaires. Et j’ai l’intime conviction que si je vous laissais seul à seul avec vos manuels pendant deux mois, à mon retour, je trouverais, en lieu et place de cette maison, un cratère d’où s’évacuerait de la fumée violette, entouré d’une ville déserte, pendant qu’une horde de zèbres volants cracheurs de feux terroriseraient le reste de l’Angleterre. 





— Maman ! Papa ! », dit Harry en regardant ses parents, qui venaient de hocher la tête en parfaite synchronisation.

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